Bannir de la ville non seulement les voitures polluantes, mais aussi les logements polluants |
La ville d’Anvers a récemment décidé que les vieilles voitures polluantes ne pourraient plus circuler dans le centre-ville à partir du 1er février 2017. Les contrevenants se verront infliger de lourdes amendes. Si une telle réglementation peut être introduite pour les voitures polluantes, il doit en être de même pour les logements polluants.
Le problème complexe du climat est désormais bien connu : nous devons réduire d’urgence nos émissions de CO2, et ce de manière drastique. La solution pour y parvenir est double : consommer moins d’énergie et investir pleinement dans l’énergie renouvelable non polluante (éolienne, solaire, géothermique,...).
Dans cette optique, on peut comprendre que les pouvoirs publics s’en prennent au parc automobile puisque la mobilité représente plus de 30 % des émissions totales de CO2. Mais quand on sait que l’ensemble du parc immobilier est encore plus polluant que le trafic, il est urgent d’intervenir en force dans ce domaine également. Plus de 80 % du patrimoine de logements a plus de 25 ans et est donc très polluant. En revanche, les constructions neuves de 2016 sont très efficaces sur le plan énergétique et constituent donc un outil idéal pour atteindre les objectifs environnementaux.
Le secteur de la construction souhaite aider les pouvoirs publics dans cet exercice. D’où la proposition de démolir les logements anciens les plus polluants et de les remplacer par des constructions neuves efficaces sur le plan énergétique. Mais cela ne suffira pas pour atteindre les objectifs fixés. Il convient également de relever le niveau d’efficacité énergétique des autres logements existants par le biais de rénovations approfondies. Les pouvoirs publics peuvent soutenir les propriétaires par l’intermédiaire de primes à la rénovation, mais des sanctions devront également être infligées à ceux dont le logement n’aura pas atteint le niveau E minimum d’ici 2050.
Afin de parvenir à un rythme de rénovation réaliste des logements existants, nous envisageons le scénario suivant : chaque transfert de propriété d'un logement doit s’accompagner d’un conseil obligatoire en matière de rénovation. L’acquéreur reçoit ce conseil en rénovation avant d’acheter le logement. Il y retrouve les interventions concrètes à effectuer en matière de PEB pour que le logement atteigne le niveau E souhaité. L’acquéreur a ensuite 5 ans pour rénover effectivement le logement et atteindre ce niveau. À cet égard, il peut bénéficier d’aides publiques. Si l’acquéreur n’atteint pas ce niveau E à temps, il sera sanctionné par une augmentation du précompte immobilier jusqu’au moment où le niveau E sera conforme.
Ce scénario a pour avantage supplémentaire de corriger la fixation du prix. En effet, grâce à ce conseil en rénovation, l’acquéreur a une idée assez fiable du coût que représentera une rénovation. Il en tiendra donc compte dans la fixation de son prix d’achat. En d’autres termes, le prix des logements à vendre dépendra fortement de leur niveau E et des travaux encore à réaliser.
En conclusion, si les voitures polluantes sont bannies de la ville, cela doit être possible également pour les logements polluants. Naturellement, cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous pouvons y arriver d’ici 2050. Si nous lions chaque transfert de propriété à une rénovation obligatoire, notre patrimoine de logements sera totalement « propre » dans 35 ans.
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